L’art peut-il inspirer le changement ? C’est une question que je me pose de façon récurrente.
Dernièrement, j’ai été conviée par la médiathèque d’un tonique village du Lubéron, Saint Saturnin-lès-Apt, à plancher sur la notion de Paix.
Pour moi définir la Paix comme l’absence de guerre réduit la paix à une vision vide, du moins incomplète et lointaine. La Paix est le contraire de la passivité. Notons que dans le yi-king, l’hexagramme opposé à celui de la paix est celui de la stagnation. Je partage cette interprétation, pour moi la Paix, commence par notre engagement et notre combativité à respecter : soi-même, les autres et surtout notre demeure la Terre. J’aimerais que nous nous efforcions à tisser des relations prévenantes, courtoises, chaleureuses avec notre planète. J’aimerais qu’en ce qui la concerne nos choix de Vie soient dictés par notre raison mais aussi notre cœur.
Pour ces installations, j’ai utilisé nos rejets, nos rebus, de préférence ceux que la nature est dans l’impossibilité de recycler -du moins à court terme. De plus, j’ai focalisé mes vœux de Paix sur l’humus. Selon le dictionnaire : « L’humus est la couche supérieure du sol créée, entretenue et modifiée par la décomposition de la matière organique…alors que les composants du sol profond sont en grande partie d’origine minérale. » Sans lui, il nous reste la possibilité de vivre « hors sol ». Je ne sais pas pour vous, mais cette idée me chagrine terriblement. Selon Hubert Reeves, l’humus est le garant d’une agriculture durable, notion issue du rapport Brundtland et présentée comme capable de « satisfaire les besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ».
L’humus est un acteur de la vie terrestre qui agit avec une grande humilité, comme cela tranquillement au service du vivant. Mais il le fait avec d’autant plus de puissance que nous lui fichons la Paix.
La boucle est bouclée.
Car sans Humus, comment pourrions-nous garantir à notre descendance un cercle de Paix le plus harmonieux possible ?
CERCLE DE PAIX veronique egloff, 2018,
crochet de film vidéo, tuyau, film plastique, diamètre 150cm
De la responsabilité de l’Homme, puisque rien ne se crée et que tout se recrée.
Comment nos enfants pourraient-ils s’épanouir sans humus?
HUMBLE HUMUS 2 veronique egloff, 2018,
acrylique sur affiche publicitaire recyclée en rhodoïd (œuvre transparente présentées sur vitre) 150x150cm, diptyque
De la responsabilité de l’Homme, puisque toute vie provient de sa décomposition et recomposition.
Comment l’humanité pourrait-elle être préservée sans humus?
HUMBLE HUMUS 3 veronique egloff, 2018, (installation de 2x3m sur la façade de la Médiathèque)
Acrylique sur feutre, matière plastique agricole et radiographie
De la responsabilité de l’Homme, puisque une des garanties de Paix pour l’humanité provient du respect de son humble travail.
Mon cercle de paix a été retenu pour PURE OR PLASTIC?! un guidebook* développé par The Universal Sea Project.
Ce projet « La mer universelle – pure ou en plastique?! » fait avancer les solutions qui combattent l’épidémie de plastique dans les eaux. Il explore de nouveaux modèles de collaboration entre l’art, la science, la technologie et les entreprises, ainsi que le grand public – en créant un réseau solide d’innovateurs et de leaders du changement.
C’est dans cette même optique que j’aimerais que mes travaux voyagent !
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