Observation

Empreinte artistique végétale

L’empreinte est un effet artistique aussi vieux que le monde, tout le monde sait faire une empreinte (trace de pas dans la neige, doigt taché d’encre sur le papier).

Il y a plus de 20 000 ans, l’Homme a imprimé sa main sur les parois des cavernes, c’est certainement une première création humaine avec la technique de l’empreinte. Cette façon est arrivée jusqu’à nous avec entre autre Les Anthropométries d’Yves Klein, où l’artiste utilisait des femmes nues en guise de pinceau.

Plus récemment d’autres artistes contemporains utilisent l’empreinte de leurs doigts pour peindre, comme Judith Braun, ou Olivier Terral.

Il s’agit là de témoignage humain.

 

L’empreinte artistique comme identification

Or les hommes ont aussi utilisé les empreintes pour l’identification d’êtres ou de choses autres qu’eux-même. Celles-ci étaient un témoignage à un instant T d’une présence aux caractéristiques biologiques uniques.
Ainsi des traces naturelles laissées par un contact et une pression sur une surface furent exercées sur les règnes animal et végétal.
Comme l’art traditionnel japonais de l’empreinte de poisson nommé Gyotaku: on peignait sa prise puis on y collait une feuille de papier afin d’en recevoir l’empreinte.
Cette méthode était utilisée par les pêcheurs pour immortaliser leurs plus belles prises. Ils pouvaient ainsi prouver leur valeur de pêcheur à leurs pairs, en laissant une preuve de la taille du poisson pêché. Sur leurs œuvres, les pêcheurs japonais ajoutaient parfois un poème de remerciement avant d’apposer leur signature. Ces ichtyogrammes étaient donc un mode d’expression du respect et de la gratitude du marin pêcheur envers la mer nourricière.

L’empreinte artistique comme témoignage

Un artiste américain nommé Bryan Nash Gill, dans une série intitulée «Woodcuts» recueille des empreintes de troncs d’arbres coupés sur des feuilles de papier. Le résultat est particulièrement poignant et nous renvoie à la vulnérabilité de ces êtres vénérables due à notre intervention.
J’ai aimé cette idée de témoignage et je l’ai appliquée au végétal. Pour ce travail, j’ai donc choisi ce procédé plastique simple car il avait l’avantage d’exprimer selon moi deux choses simultanément, le témoignage d’un élément passé et par la même occasion l’empreinte de l’homme sur le monde végétal.

Si l’empreinte est souvent le témoignage d’une absence, je n’ai aucune envie que mes empreintes deviennent le témoignage d’une disparition.

L’empreinte artistique contre l’empreinte écologique de l’homme sur la vie

Alors, j’ai cueilli des végétaux de mon jardin, je les ai mis en scène et créé ces impressions sur des cartographiques ou des lexiques de lieux du monde provenant d’un vieil atlas recyclé. Dans l’urgence j’en ai réalisé un grand nombre. J’étais dans l’idée de recouvrement au sens de l’anglicisme « mapping ». Je retapissais de mes papiers peints végétaux la planète et ce geste artistique en apparence dérisoire me fit grand bien…

Empreintes sur nature de feuilles, Empreintes artistiques végétales imprimées à l’acrylique sur papier –
Installation de 45 pièces de 22×27 cm

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