La mise en œuvre du respect entre des êtres, égaux en droit et en fait, passe par tous. L’égalité Fille/garçon reste au pire à conquérir voire au mieux à maintenir au sein de la famille et à l’école, pour atteindre l’entreprise. Pour un tel sujet, j’ai eu envie de me mobiliser avec mes propres outils.
En effet, j’ai souvent remarqué dans mes ateliers que les enfants, malgré les apparences, vivent à l’école une scolarisation très sexuée et cela naturellement sans en avoir conscience. Ils subissent déjà ce qui est censé être attendu d’un homme et d’une femme en tant que filles ou garçons.
Filles/Garçons, le fruit d’une construction sociale ?
On ne peut que constater ces stéréotypes et ces idées implicitement véhiculés par la société, mais que pouvons-nous faire?
Deux choix se présentent à nous :
– soit on pense que c’est la nature qui nous fait homme ou femme et que nos rôles sont liés à cette différence, alors nous ne pouvons rien changer.
– soit on admet qu’au-delà du sexe biologique, la société participe à la construction des rôles de chacun, alors nous pouvons agir pour évoluer vers plus d’égalité.
C’est extrêmement difficile et surtout pour des enfants d’avoir conscience des jugements que l’on porte sur soi ou sur les autres.
Alors on se comporte conformément à l’image stéréotypée de son groupe. Et on confirme dans sa propre réalité toutes ces idées reçues auxquelles on croit dur comme fer. On pourrait donner comme exemple, les garçons ça ne pleurent pas, les filles sont moins douées pour les mathématiques, les garçons n’ont même pas peur, les filles sont toujours douces…
La liste est longue, je vous laisse le soin de la compléter !!!
Alors voici quelques idées pour faire avancer les choses…Il s’agit là d’une classe de CM2, âge où les préoccupations filles/garçons deviennent prépondérantes, il faut bien le dire. J’ai cherché à donner à chaque élève, fille et garçon, les moyens de remettre en cause les images qu’il se fait de lui-même et des autres. Grâce à ces modestes travaux en arts plastiques, j’ai souhaité leur permettre de prendre conscience des rôles liés à leur sexe, de leur degré d’adhésion à ce rôle et quels sont les effets sur leurs projets d’avenir s’ils en ont déjà.
Quatre parties pour cet atelier :
- D’abord on envisage les autres afin de bien voir qu’on est tous différents mais normalement égaux du moins au sein de la classe.
Je me suis servie de l’idée de croquis sur le vif, on dessine l’autre en 5 minutes chrono. Comme dans les cours de modèle vivant, à tour de rôle chaque élève prend la pose juché sur une chaise si cela ne l’incommode pas alors que les autres captent sa singularité.
- Ensuite, chaque élève appuyait sa tête sur une page blanche comme sur un oreiller, permettant ainsi à son voisin de tracer les pourtours de son profil caractéristique. Chacun récupérait son profil et remplissait sa tête de ses rêves, des choses qu’il aime, de ce qui le compose en quelque sorte.
- Puis en expérimenter le traçage de lettres en 3D à la façon des graffeurs, chacun devait parler en deux trois mots des filles, puis des garçons sur deux fonds neutres préalablement photocopiés.
Petit quiz : devinez quelle planche correspond aux filles qui parlent des filles, aux filles qui parlent des garçons, aux garçons qui parlent des garçons et enfin aux garçons qui parlent des filles. Hélas, je suis sûre que vous aurez tout bon à ce jeu.
- Enfin, imager une relation fille/garçon par collage, en d’autres termes, mettre l’amitié ou l’amour en ambiance.
Chaque phase a nécessité moins d’une heure. Le tout fut rassemblé en un livre intime. Une dernière séance de discussion fut organisée autour de ce qu’en tant que fille ou garçon, je peux être en définitive. Évidement chacun n’a pas manqué de se comparer en toute intimité, à ses propres idées reçues et a pu du coup réfléchir…