Voici plus d’un an que je n’ai pas peint. Pour moi qui suis très productive, autant dire qu’il s’agit d’une éternité.
J’ai changé de région, j’ai changé de maison et j’ai changé d’atelier et cela m’a pris un an car une lourde réhabilitation m’attendait à l’autre bout. Et puis un jour, j’ai pu enfin m’y remettre. Et là, dans mon nouvel atelier, la page blanche …et moi !!!
Une émotion fébrile et un grand désarroi devant l’inconnu se sont mutuellement contaminés. C’est ce qu’on appelle le syndrome de la page blanche. Chercher à faire mieux en se dépassant est la juste attitude d’une passionnée comme moi. Toujours est-il qu’il ne faut pas s’infliger un challenge trop intimidant car on prend le risque de rester figé.
La créativité est un flow qui nous accompagne au quotidien
En fait, pour les choses les plus banales comme pour les plus délicates, la créativité est là autour de nous en permanence, c’est tout. A nous de la convoquer! J’aime m’engager avec cet état d’esprit. Dans ces cas là, vous n’avez pas à plonger radicalement dans le bain, vous y êtes déjà.
La contrainte fait aussi germer la créativité.
Je l’ai souvent constaté et j’en use et en abuse auprès de mes élèves pour les lancer lorsque j’anime des ateliers de pratiques artistiques, alors pourquoi pas pour moi.
Aussi, je commençai par installer un certain nécessaire susceptible d’être utilisé quand la frénésie créatrice m’emporterait. Surtout, que tout soit à disposition !
Curieusement ma stratégie fut de choisir un très grand format (160X300cm) composé de 4 laids d’un papier spécial en me disant que si je ne suis pas contente d’un coin de la surface, j’en aurais plein d’autres pour briller plus.
Dans ces cas là, je change de support et j’en ai choisi même un que je n’ai jamais utilisé. Ainsi, il demeure mystérieux, je n’en attends rien et je suis là juste pour expérimenter, je n’ai donc aucun devoir de résultat, je teste tout simplement.
Dans une même mesure, je change aussi de médium et de palette aussi tant que j’y suis.
En bref, si tout est nouveau, je sais que je n’aurai pas de comparatifs dans mes expériences vécues. Et ça figurez-vous, c’est détendant car on se donne une obligation de moyens plutôt que de résultats.
Exit le syndrome de la page blanche, je suis dès lors une débutante éclairée et j’aime à ignorer ce que je vais faire.
Trouver une source d’inspiration autre que soi
Ces bases posées, j’ai pensé que dans mon entourage, il y avait sûrement une belle source d’inspiration. Quelqu’un qui me donnerait le « la », qui me mettrait sur une piste. Je pris « en otage et en douceur » un ami présent ce jour en mettant dans ses mains pinceau et peinture et en lui demandant d’amorcer quelques traits, taches ou formes où il voulait et comme il le désirait sur la grande surface immaculée. Surpris et probablement intimidé, il fallut d’abord le dédouaner de toutes responsabilités et le rassurer qu’il ne ferait de toute façon rien d’irrécupérable.
Essayez, avec un de vos proches, vous verrez c’est magique! Il vous donnera à tous les coups le prétexte pour prolonger…
Voyage video et en musique dans ce travail. King Krule sur des instrus rock et jazzy apporte une vision désillusionnée reflet de sa génération.
Curieusement, j’ai adopté le noir & blanc, ce qui est une première chez moi. Acrylique et encre se sont rependues en une composition tout en hauteur.
Pour moi, c’est la représentation d’une partie d’un visage d’enfant qui regarde étonné la vie qui s’exprime avec exubérance autour de lui. J’ai appelé ce travail « Pardon! ». J’ai voulu exprimer tout le désarroi qui m’habite face à l’inconséquence des actes de nos générations adultes.
Fasse que tout ceci n’augure pas un avenir incertain pour les nouvelles générations. Préservons les beautés de la nature et faisons que l’émerveillement subsiste dans le futur.