Avec les couleurs, toutes les audaces sont permises, mais il vaut mieux savoir nager.
Avant d’apprendre à créer ses couleurs, il est important de mieux appréhender leur organisation. C’est le génial Isaac Newton qui, au XVIIe siècle, découvrit que la lumière blanche du soleil peut se décomposer en une multitude de couleurs. Et ces couleurs sont exactement celles qui constituent l’arc-en-ciel.
Un arc en ciel est un éblouissement qui a médusé un jour chaque être humain. Chacun a pu constater qu’il est constitué par sept couleurs fondamentales éternellement posées dans le même ordre (rouge, orangé, jaune, vert, bleu, indigo, violet).
On pourra noter l’intrigante similitude avec les sept notes de musique. Alors les peintres qui disent peindre de la musique et les musiciens qui disent jouer des couleurs ne sont pas des farfelus même si on n’arrive pas toujours à les suivre dans leurs visions.
Mais revenons à ce cher Isaac. Il comprit qu’une infinité de couleurs se nichaient entre deux selon l’importance de quantité de l’une par rapport à l’autre. Mais sa trouvaille la plus spectaculaire fut de mettre en évidence que toutes ces couleurs – absolument toutes- provenaient de trois couleurs de base seulement le rouge, le jaune, le bleu. Fort de ce constat, il eut l’idée de les mettre en cercle pour mieux comprendre leur placement, leur analogie, leur complémentarité et bien d’autres choses encore.
Cela a révolutionné la colorimétrie et dès lors les travaux des artistes et les artistes eux-mêmes d’ailleurs s’en trouvèrent totalement bouleversés.
A partir de cette compréhension, chaque artiste peut créer exactement la couleur qu’il désire et je dirais même que chaque artiste peut créer sa propre couleur et donc sa propre palette. Et cette composition de palette fera partie de sa signature.
La couleur surtout et peut-être plus encore que le dessin est une libération – Henri Matisse
J’ai souvent remarqué que chacun a en lui une palette de couleurs personnelles. Et même s’il tente de s’en extraire pour voguer vers de nouvelles aventures, elle revient subrepticement à la surface. Il me semble que cette signature chromatique de notre travail soit aussi celle de notre être profond et peut-être même celle nécessaire à l’équilibre de notre subtile personnalité du moment.
Plusieurs relations existent entre les couleurs.
Les relations entre les couleurs sont nombreuses, toutefois il y en a au moins 7 qu’il faut avoir gravé au fond de sa tête.
- La relation simple monochromatique : une même couleur peut être foncée ou claire grâce à l’ajout de blanc, de noir ou d’eau.
- La relation analogue : une couleur se fond parfaitement avec les deux qui l’entourent dans le cercle. Là réside l’art des camaïeux.
- La relation complémentaire : une couleur et son exacte opposée sur le cercle se fortifie mutuellement. C’est le jeu des contrastes, en faisant attention de ne pas les mettre à part égale ce qui serait bien trop grossier.
- La relation complémentaire adjacente : une harmonie délicate se crée toujours entre une couleur et les deux couleurs qui entourent son opposée. Ainsi le contraste est moins catégorique mais il subsiste encore néanmoins.
- La relation primaire : entre nous, associer les trois couleurs primaires blesse l’œil puisqu’elles ne s’entendent pas très bien étant donné leur trop forte nature. A éviter, donc!
- La relation secondaire : si les couleurs primaires ne peuvent pas se sentir, il en va tout autrement de leurs couleurs secondaires. Entre elles il y a vraiment du feeling.
- La relation tertiaire : une couleur secondaire, plus une des deux couleurs primaires qui l’ont composée font 6 magnifiques couleurs subtiles. C’est grâce à elles que l’on commence à jouer avec un véritable grand orchestre chromatique.
Voilà, avec ces quelques règles, on est sûr de pouvoir éviter d’effrayantes et fatales fautes de goût propices à faire fuir le public.
Pour comprendre l’organisation du spectre des couleurs, on peut réaliser un travail collectif du type mosaïque. Trouver des fragments de couleurs dans toutes sortes de papier imprimé, les classer, organiser harmonieusement la passation de l’une vers l’autre, tel est l’objectif. Cela peut être conçu dans de grands formats, ici le travail final faisait 1x5m.
On peut aussi réaliser ce dégradé sous forme linéaire ou sous forme concentrique.
Merci mon amie Violaine Nozières Coloriste – dessinatrice textile pour le don de ses planches de création d’anciennes collections.
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