L’exubérance des créations de la vie me fascine et alimente mon imaginaire, comme Jérôme Bosch .
En cette fin d’année et à l’origine peut-être aussi pour susciter des cadeaux autour du sapin moins convenus, j’ai imaginé quelques pièces pour parler aux petits qui vont devenir grands et aux grands qui sont restés dans leur âme petit. Ce qui a germé me surprend encore ! J’ai intitulé cette série « Mes mondes à part » car justement je ne savais pas où me situer.
Des mondes à part, comme affranchis d’un monde en noir et blanc
Ces saynètes sont conçues en diptyque ou en triptyque à la façon des cases successives d’une BD. Ainsi, s’y racontent des histoires à épisodes comme le font spontanément les enfants dans leurs jeux. Les figures aux formes exubérantes n’appartiennent pas précisément au règne animal, végétal ou humain. Elles semblent déambuler avec une espiègle détermination la tête dans un monde et les pieds dans un autre avec comme zone intermédiaire un monde en noir et blanc. En y regardant de plus près, ce dernier est à l’exacte image de notre propre vision manichéenne du monde qui nous entoure. Or il faut bien le constater cette tournure d’esprit ne cesse de nous jouer des tours (les méchants/les bons, le beau/le laid, le correct/l’incorrect…vous compléterez la liste à votre sauce). Mais dans ces derniers tableaux, ces êtres imaginaires semblent s’en affranchir et moi j’y vois un beau message d’espoir pour l’avenir. Je gage que dans les nouvelles générations, certains auront une nouvelle lecture moins tranchée des choses et ainsi développeront une conscience plus affinée des situations créées.
En général, je réalise sans réflexion ce que ma créativité m’inspire et puis ensuite j’y réfléchis pour tenter de comprendre ce qui a surgi. C’est ma façon de faire, j’aime bien cette approche non raisonnée et instinctive de mon travail, c’est confortable car je n’ai aucun devoir de résultat. Ce que j’aime aussi dans cette posture désinvolte, c’est qu’ensuite je peux partir en voyage dans mes créations comme une touriste débarquant en terre inconnue. C’est au cœur de cette découverte toute personnelle que Jérôme Bosch a déboulé dans mes pensées. Mais oui, mon travail avait des liens avec cette géniale source d’inspiration. Car en effet, je suis fan de Jérôme Bosch, comme beaucoup d’enfants, mais aussi comme beaucoup d’érudits.
Abbas Kiarostami, le grand cinéaste disparu dernièrement, a filmé à la fin de sa vie, le regard contemplatif de visiteurs de musées face à des toiles. Il s’est penché sur le cas Bosch et plus exactement sur le triptyque du Jardin des délices, au Prado de Madrid.
On dit que ce triptyque est un mystère par son langage à la fois religieux et profane. En ce qui me concerne, j’ai une totale liberté de lecture face à ce tableau à l’image du regard des hommes du Moyen Age sur la vie. Je n’y vois pas une progression de l’humanité entre Éden et Enfer. Je ne suis pas très sûr que Jérôme Bosch l’avait conçu comme telle. Il faut d’ailleurs savoir que cette œuvre était nommée initialement « La Variété du monde ». Je préfère de loin ce premier titre, car il me parle mieux de ce que je ressens devant les créations foisonnantes, saisissantes et protéiformes de la vie. Pour mieux comprendre la complexité de cette toile, allez voir une intéressante analyse de l’œuvre sur le site « comprendre la peinture.com »
Des petits mondes à part qui attendent d’être adoptés …
et pourquoi pas amorcer une collection privée pour un enfant à Noël.
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